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Lettres à Toi
--> 30 Mai 2004

Le 30 Mai 2004,

Mon Amour,

 

J’ai peur. J’ai peur et je me déteste. Il est tard, les petites-filles-bien-élevées-bien-rangées comme moi devraient dormir. Devraient. Mais non, moi je suis assise sur mon lit, noyée dans les tourments de ma pensée plus ou moins philosophique, et je ne trouve rien de mieux que de saisir ce stupide stylo et d’écrire ma haine, ma rage et ma peur, vitupérant contre ce cahier faute de mieux, stupidement . J’ai peur. Peur que ce bonheur avec Toi ne soit qu’éphémère. Un rêve éveillé qui a duré si longtemps… Peur de me réveiller brusquement un jour, et de retomber dans la dure réalité. Que celui qui a inventé le mot bonheur avoue que c’était un leurre, un de plus, et que lui-même n’y a jamais goûté. D’ailleurs si l’on arrive à dire que l’on est heureux, c’est qu’il y a un sentiment opposé à cela, car si c’était un état permanent, on ne s’en rendrait même pas compte. Preuve que le bonheur, si prouvé qu’il existe, s’accompagne inéluctablement du malheur. Preuve que le bonheur ne dure pas. Cause de ma peur. La facilité du raisonnement et la facilité à prouver que quoi qu’il arrive, rien ne va bien même dans le meilleur des mondes m’a toujours atterrée, bien que je sois généralement l’auteur même de ces démonstrations inutiles sauf à ma propre destruction, pessimistes et…réalistes. J’ai peur en sachant qu’il suffit d’un rien pour que l’utopie que nous nous sommes créé s’écroule. Peur de savoir qu’il y a cette fille qui t’idolâtre, qui rêve de tes lèvres, de ton corps, de tes baisers et de tes caresses, de cette fille qui rêve chaque soir de notre rupture, de me voir retomber dans cette morne vie en pensant que ma chute lui donnera de l’élan. J’ai peur que tu brises tout, mais encore plus, j’ai peur de moi. Peur que ma folie destructrice ne me reprenne. Que je recommence à voir la vie en rouge et noir, à voir le Mal et à me mettre à l’aimer, à souhaiter que tout s’arrête, que tout tombe avec moi, que les gens souffrent comme je souffre, surtout ceux que j’aime, surtout Toi. J’ai peur de cette folie incontrôlable qui vit dans mon corps et accapare mon esprit, peur de cette étrangeté, de ce sentiment de non fini que tu dénigres, que tout le monde se force à ignorer, une folie dont je suis consciente depuis tellement longtemps. Pourtant au fond de toi tu connais. Tu me connais. On est tellement pareils tous les deux. Tu sais comme je peux m’emporter et faire des choses sans le moindre sens, tu sais que quand quelque chose m’exacerbe tout le monde en pâtit en tant que vengeance. Tu le sais. Et tu es le seul à pouvoir l’apaiser entièrement. Toi seul possède les mots et les gestes qui me calment. Je ne pourrais jamais te faire de mal. Pourtant dans mes colères démentes je le souhaite et le désire plus que tout autre chose. Mais j’en suis incapable, parce que c’est Toi, et parce que tu sais adoucir mes ires dans tes baiser, dans tes bras, dans tes murmures, dans tes paroles tellement plus sages que les miennes. J’ai peur de ma perte. Pas de ce que j’ai toujours revendiqué, de ce que je suis. La clé de ma perte : ma lucidité. Je pourrais profiter de ma beauté, mon corps, ma gaieté, mon humour, mais je suis lucide, et je ne sais que trop ou mènent la Vie et l’Amour. Je ne vis que dans mes inquiétudes et ma peur de la mort. Pas la mort physique. J’en suis trop consciente. Elle a saisi trop de personnes déjà pour garder sa quintessence. Non, la mort émotionnelle, la mort de mon cœur. J’ai peur de devoir continuer sans toi. De toute façon je ne crois pas que cela en vaille la peine. Je t’aime, et tout ce que j’éprouve pour Toi, indicible en trois mots, ce sentiments indescriptible qui n’existe en aucun mot ni aucune langue, me ronge avec véhémence, sans que je ne puisse rien y faire. Je t’aime, et j’ai peur que cet amour me tue. J’ai peur qu’il nous tue. Mais tant que nous nous aimons, nous serons bien vivants, dans un semblant de bonheur, dans un monde parallèle à la cruelle réalité, et même si le réveil est dur, être avec toi donne du sens à l’éternité et à ce monde autour de nous. Protège-moi.

Je t’aime.

Samhradh

Ecrit par Samhradh, le Lundi 31 Mai 2004, 14:26 dans la rubrique --> { Lettres à Toi } <--.

Commentaires :

slyphe
slyphe
31-05-04 à 15:18

C'est magnifique, tu écris très bien.

 
Samhradh
Samhradh
31-05-04 à 19:13

Re:

Merci beaucoup.

Je l'ai écrit hier soir ou pltôt ce matin a trois heures. Ce sont mes pensées sur le qui-vive, et l'exacte réalité de ce qu'i lse passe dans ma tête. Ca me touche ce que tu dis. Merci encore.


 
Samhradh
Samhradh
06-06-04 à 11:02

Re: ...

Merci... :'( *larme d'émotion*

Merci ma puce! t'inquiète je t'en veux pas si tu m'as copité ;) looool

(l)