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Tha ghoal agam ort
--> Je t'aime...

(en prose)

Tha ghoal agam ort

Ecoute, écoute le souffle mélodieux du vent qui susurre le secret de la passion à ceux qui connaissent un semblant d’amour.

 

            Bien plus qu’une sensation, bien plus qu’un sentiment, pas seulement sensuelle et sensationnelle, mais juste sincère, c’est un chant harmonieux dont le refrain réveille les gardiens assoupis d’une barque en bois de chêne conduisant à un pays merveilleux plus inaccessible encore que les cieux. Elle nous emmène voguer au large, loin des voix, loin des bruits, loin des autres, isolant deux êtres différents dans un univers à la hauteur de leurs sentiments. La mer n’ose plus s’agiter, le vent se tait, le temps glace ses heures, la Nature entière contemple affectueusement ce qu’elle a engendré, esquissant au coin de ses lèvres un sourire, rassurée de savoir que ses efforts non pas été vains puisqu’il y a deux êtres sur cette planète qui ont atteint les cimes qu’Elle avait offertes secrètement aux humains. Deux enfants innocents ne mesurant pas la puissance du dedans…

 

« Mo chridhe… » chuchote le vent à l’oreille du petit ange aux yeux d’azur et de gris, mouchetés d’éclats d’émeraude.

 

Dans ce monde de beauté irréel n’existant que dans le cœur de ceux qui atteignent ces sentiments, le soleil ne se couche pas, se reflétant à jamais dans la prunelle de leurs yeux clairs, la Lune est toujours présente, comme dans les matinées d’été où il semble qu’elle a oublié de se coucher, apaisant les flots et les maux de sa douce clarté et l’Univers entier se met à tourner autour des deux chérubins, abandonnant sa monotone existence pour se confondre en une infinie spirale de plénitude et d’exaltation. Le ciel mélange l’aigue-marine et le saphir à l’opale, la percaline et l’améthyste, étincelant le temps de quelques secondes, aussi rapidement que passent les comètes, et fait parfois tomber des pluies pailletées sur les longs cheveux d’or de la petite nymphe endormie dans les bras de son protecteur. Là-bas, les fleurs ne fanent pas, et les fragiles et délicates printanières se marient avec leurs sœurs nivéales, embaumant l’air pur d’un mélange de subtiles odeurs variant du musc à la vanille, du réglisse à la rose. Les saisons se confondent, réunissant aux sommets des montagnes neige et verdure, faisant tomber les flocons sur les immortelles fleurs, alliant arcs-en-ciel, pluie, rayons de soleils et brume. Ni orages ni tempêtes, ni nuages ni éclipses…Cette terre est un lieu paradisiaque mais nullement parfait, un reflet de deux âmes qui aiment chacune les défauts de l’autre sans pourtant les ignorer, deux âmes qui passent au-dessus de la colère et de la jalousie du monde… Un lieu magique pour deux enfants envoûtés par un philtre.

 

« Mo ruin… » entonne le vent à la jeune et frêle fée aux douces lèvres carmin en pétales de rose.

 

            Au creux de leurs mains enlacées repose l’existence de tous les éléments. Ils font ruisseler l’eau, limpide onde emplie de désir et de passion comme de mélancolie et de tristesse, alchimie mystérieuse dont ils sont les seuls détenteurs, le long de collines d’Automne aux arbres pudiques rougeoyants. Ils allument d’immenses brasiers, bûchers de leurs cœurs, où brûlent allègrement dans un feu purificateur les péchés incontrôlés de leurs jeunes âmes comme la folie destructrice qui parfois d’eux s’empare. Des flammes dansantes illuminent leurs visages pâles apaisés par la chaleur maternelle du feu qui les berce entre deux crépitements. Le vent leur appartient, chantant les louanges de leur amour à tous, au-delà des terres et des mers, faisant virevolter cheveux et jupons dans une mystérieuse valse entraînant amoureux et gens heureux, séduisant les rêveurs solitaires sur leurs bancs, les décidant à suivre la cadence et reprendre la danse effrénée d’une vie plus passionnée. Souvent ils s’assoient sur la terre encore humide pour s’enlacer et s’emprisonner à nouveau dans leur bulle protectrice nacrée. Ils font couler entre leurs doigts du sable fin et décident à deux des cavités qu’il faudra combler avec, faisant des concessions, élémentaire et suprême décision. Ils possèdent le pouvoir de tout changer, et pourtant, rien n’a bougé. Ils ne souhaitent rien condamner, seulement continuer, seuls, tous les deux, à s’aimer…

 

            Ecoute, écoute le souffle harmonieux du vent qui susurre à ces deux inséparables le secret de l’éternité, immortalisant leur tendre Amour dans un rêve sans fin… Ecoute ce qu’il murmure doucement durant leur sommeil, écoute et retient: 

« Tha ghoal agam ort… »

 

 

 

 

Lexique Gaélique :

 

Mo chridhe : mon cœur

Mo ruin : mon amour

Tha ghoal agam ort : je t’aime

Ecrit par Samhradh, le Dimanche 27 Juin 2004, 15:22 dans la rubrique (¯`·-> PoèMes <-·´¯).

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